Duché d’Anhalt

  • Encyclopédie de famille

Anhalt (Duché d’). Ce pays, qui doit son nom au château d’Anhalt (am holtz, près du bois), ainsi appelé de ce qu’il était situé dans la forêt de Harzgerode, où l’on ne distingue plus que ses ruines, possède en tout 168,325 habitants. Situé au nord de l’Allemagne, dans la vallée de l’Elbe, il est presque entièrement entouré par le territoire prussien des provinces de Brandebourg et de Saxe, à l’exception d’une étroite pointe, où il confine avec le duché de Brunswick. Il fait partie de la Confédération de l’Allemagne du Nord.

Le premier domaine de la maison d’Anhalt fut Ballenstedf avec le territoire qui en dépend, et l’histoire cite Esico de Ballenstedt, qui vivait vers l’an 940, comme la souche de cette famille et la tige des Ascaniens. Ce comte hérita, en l’an 1031, de sa mère Hilda, issue des margraves de l’ouest, de biens immenses situés entre l’Elbe et la Saale, et fut, diton, l’un des princes les plus riches de son siècle. Un de ses descendants, le comte Othon, père d’Albert l’Ours, qui, sous le règne de l’empereur Henri V, avait pendant quelque temps été duc de Saxe, joi.guit à ses possessions une partie des terres de la maison de Billung, dont hérita sa femme Élike, fille aînée du duc Magnus de Saxe, mort en 1106. Cet hé* ritage fut l’origine de luttes et de guerres aussi longues qu’opiniâtres entre la maison d’Ascanie et la maison des Guelfes. Albert l’Ours accrut encore ses possessions et devint premier margrave de Brandebourg. Ses fils se partagèrent son héritage. Bernard eut pour sa part Anhalt, et devint la souche de la maison de ce nom. Ennemi déclaré de Henri le Liou, il reçut au partage des domaines de ce prince (1180) la partie qui lui avait été promise ; d’où il prit le titre de duc de Saxe. Il mourut en 1212. Ses terres furent partagées entre ses enfants, dont l’aîné, qui prit le premier le titre de prince, eut pour sa part les domaines de la maison d’Anhalt. À sa mort, arrivée en 1251, ses trois fils se partagèrent encore ses possessions. Henri II dit le Gros, fut la souche de la ligne d’Aschersleben, qui fleurit jusqu’en 1315 ; Bernard devint la souche de la vieille ligne de Bernbourg, laquelle subsista jusqu’en l’an 1468 ; Siegfried fut la souche d’une troisième ligne, Dessau-Kœthen, qui en 1367 augmenta ses possessions de la seigneurie de Zerbst, en 1370 du comté de Lindau, et qui en 1396 se subdivisa à son tour en deux branches, celle de Zerbst, éteinte en 1526, et celle de Dessau, aujourd’hui subsistante.

La réunion des différentes possessions de la maison d’Anhalt sur nne même téte eut lieu en 1570, sous le règne de Joachim-Ernest, mort en 1586. Ce prince donna au pays une nouvelle organisation judiciaire et administrative. Il eut sept fils, dont deux moururent avant lui ; les cinq autres se partagèrent, en 1603, l’héritage paternel. L’aîné, Jean-Georges, eut pour sa part Dessau ; le puîné, Christian, Bernbourg ; le quatrième, Rodolphe, Zerbst ; le cinquième, Louis, Kœthen. Le troisième, Auguste, renonça à sa part moyennant le payement d’une somme de 300,000 thalers, et à la condition qu’en cas d’extinction de la descendance directe de l’une de ces quatre lignes, lui ou ses descendants lui succéderaient. Le cas prévu se présenta dès Tan 1665, et les fils d’Auguste héritèrent à ce moment des domaines et souveraineté de la ligne de Kœthen. La maison d’Anhalt se trouva divisée en quatre branches collatérales : 1° la maison de Dessau ; 2° la maison de Bernbourg, qui s’est éteinte le 19 août 1863 par la mort du duc Alexandre ; 3° la maison de Zerbst, qui s’éteignit dans la personne du prince Frédéric-Auguste, en 1793, époque où ses domaines firent retour aux trois autres lignes, tandis que la seigneurie d’Iever passait à l’impératrice Catherine II de Russie, et plus tard à la maison de Holstein-Gottorp, branche d’Oldenbourg ; 4° enfin la maison de Kœthen, éteinte eu 1847, par la mort du duc Henri. Ces extinctions successives ont réuni les différents duchés d’Anhalt dans la seule branche subsistante, les ducs d’Anhalt-Dessau.

À la fin du seizième siècle, les différents princes de la maison d’Anhalt embrassèrent la religion réformée, et en 1600 se firent admettre dans l’union. À l’effet d’éviter des morcellements ultérieurs de leurs États respectifs, les différentes lignes de cette maison introduisirent successivement, dans la seconde moitié du dix-septième siècle, le droit de primogéniture pour le partage des héritages. En 1806 un décret de l’empereur François, en date du 18 avril, accorda aux princes de la maison de Bernbourg le titre de ducs. En 1807 les trois maisons entrèrent dans la Confédération du Rhin, à titre de princes souverains et indépendants ; celle de Dessau conservant le titre de prince, et celle de Kœthen prenant le titre de duc. En 1814 elles firent partie de la Confédération germanique, et toutes trois, en 1828, accédèrent à l’union des douanes allemandes. En 1836 les trois ducs régnants s’entendirent pour fonder un ordre de chevalerie, sous la dénomination d’ordre d’Albert l’Ours. Il est partagé en trois classes.

En 1848, les habitants des trois duchés formèrent des assemblées constituantes, et les princes accordèrent des institutions libérales. En 1851, le duc d’Anhalt-Dessau abolit la constitution qu’il avait cédée. Le duc d’Anhalt-Bernbourg garda la sienne. Déjà en 1848 les habitants des trois duchés avaient désiré une constitution commune ; une patente des deux ducs existant alors l’octroya en 1859. Dans la crise de 1866, le duc d’Anhalt suivit la politique de la Prusse et entra rent dans la Confédération du nord.

La maison d’Anhalt a produit beaucoup d’hommes de guerre ou d’Église. L’un d’eux, le comte Adolphe, élu en 1514 évêque de Mersbourg, en expulsa les Juifs. Il combattit avec énergie les opinions de Luther, et embrassa plus tard ses doctrines. Deux princes d’Anhalt servirent avec dévouement le roi de France Henri IV : l’un d’eux, Chrétien Ier, lui amena en 1591 une armée considérable pour l’aider à chasser les Espagnols. Le prince Léopold d’Anhalt, qui mourut vers le milieu du dix-huitième siècle, était considéré comme l’un des plus habiles capitaines de son temps. Le prince Jean-Georges, qui régna de 1586 à 1618 montra une grande dignité en refusant de livrer à l’électeur de Saxe et à l’empereur son chancelier, que l’électeur de Saxe accusait du crime de lèse-majesté, affaire dans laquelle la France et l’Angleterre prirent parti pour le duc d’Anhalt. D’autres princes d’Anhalt se sont distingués par leur amour des sciences. Au commencemént du dix-septième siècle, Auguste, chef de la branche d’Anhalt-Plœtskau, acquit la réputation d’un chimiste habile et d’un prince ami de la justice, si bien que l’empereur le désigna comme arbitre pour prononcer sur les prétentions de l’électeur palatin et de l’électeur de Brandebourg dans la succession de Juliers. Mais la plus grande illustration de la maison d’Anhalt ce fut la grande impératrice de Russie Catherine II, fille de Chrétien-Auguste, cinquième duc d’Anhalt-Zerbst.

Un prince d’Anhalt-Kœthen, CharlesGeorges Leberecht, feldmaréchal au service de l’empire, mourut à Semlin, dans la guerre contre les Turcs. Son fils et successeur, Auguste-Chrétien-Frédéric, quitta le service d’Autriche en 1797 avec le titre de feldmaréchal. Grand admirateur de Napoléon, il voulut tout organiser, en 1810, dans son petit État, sur le modèle de l’administration intérieure de la France, créa un conseil d’État, introduisit dans les tribunaux le Code Napoléon, et institua en 1811 un ordre du Mérite militaire. Ces institutions ne lui survécurent pas, et il mourut en 1812. Il eut pour successeur le fils encore mineur de son frère, Louis, mort en 1818, en qui cette branche s’est éteinte. Ferdinand, son successeur, général au service de Prusse, appartenait à une branche collatérale. Il embrassa avec éclat à Paris la religion catholique, de concert avec son épouse, en 1825 ; cette conversion fit beaucoup de bruit. Le nouveau duc bâtit à Kœthen une église catholique et y fonda des couvents ; mais ces établissements n’eurent aucun résultat politique. Ce prince mourut sans héritiers directs en 1830.