Dépravation

  • Encyclopédie de famille

Dépravation, terme exprimant une vicieuse direction , ou un état contraire au bien, soit dans les personnes, soit dans les choses. Il y a des caractères dépravés, comme une dépravation dans les humeurs. On fait le mal quand on a le cœur dépravé, comme un goût détestable est le résultat de la dépravation de l’esprit et des mœurs. L’être le plus capable de perfection sur ce globe, l’homme, est devenu le plus capable de dépravation par l’abus qu’il fait de ses facultés. C’est d’ordinaire par l’excès de sa sensibilité qu’il se laisse entraîner à des propensions vicieuses. La recherche des jouissances du goût le conduit à des essais qui altèrent sa simplicité. On sait que la douleur a quelquefois été appelée comme un assaisonnement des plaisirs, et l’amertume elle-même corrige la douceur trop fade des mets les plus exquis. Combien d’hommes ne croiraient pas se satisfaire assez sans descendre jusqu’à l’ivresse, jusqu’à la débauche ! Ainsi, la dépravation arrive à l’extrême limite du bien, et l’on finit par se familiariser avec le mal. Ces êtres alors sortis de la route ne s’inspirent plus que du vice : tels furent les Caligula, les Néron, les Héliogabale, qui se plaisaient à déchirer et à détruire ; tek sont ces individus méchants et corrompus dont la cruauté s’exerce sur les faibles, ou qui, n’osant, dans leur lâcheté, attaquer les forts, les assassinent par la noirceur, par la calomnie, et se délectent avec cruauté de la souffrance d’autrui. Le spectacle du vice pervertit non moins que la vue du sang et des supplices ; la haute fortune amène un autre genre de dépravation : celui d’un égoïsme atroce. Le prince de Charolais se plaisait à tuer à coups de fusil les couvreurs sur les toits ; plusieurs autres aimaient à jouir des affreuses grimaces des victimes qu’ils faisaient torturer par leurs bourreaux.

Il nous reste les dépravations morbides, telles que celles du goût chez quelques femmes grosses ou chez les chlorotiques, qui avalent de la craie, du charbon, de la cire à cacheter, ou même des cheveux, etc ; celle des nègres mangeurs de terre. On peut aussi considérer comme de véritables affections de l’organisme, et surtout de l’appareil nerveux encéphalique, ou comme des manies particulières, certaines propensions dépravées ; on en voit une multitude d’exemples dans les maisons d’aliénés.