Cheveux

  • Dictionnaire infernal

Cheveux. « Prenez des cheveux d’une femme dans ses jours de maladie ; mettez-les sous une terre engraissée de fumier, au commencement du printemps, et, lorsqu’ils seront échauffés par la chaleur du soleil, il s’en formera des serpents[1]… »

Quelques conteurs assurent que les mauvais anges étaient amoureux des cheveux des femmes, et que les démons incubes s’attachent de préférence aux femmes qui ont de beaux cheveux. — Les sorcières donnent de leurs cheveux au diable, comme arrhes du contrat qu’elles font avec lui ; le démon les coupe très menus, puis les mêle avec certaines poudres : il les remet aux sorciers, qui s’en servent pour faire tomber la grêle ; d’où vient qu’on trouve ordinairement dans la grêle de petits poils, qui n’ont pas une autre origine… On fait encore avec ces mêmes cheveux, divers maléfices[2].

On croit en Bretagne qu’en soufflant des cheveux en l’air on les métamorphose en animaux ; les petits garçons de Plougasnou qui font des échanges entre eux confirment la cession en soufflant au vent un cheveu, parce que ce cheveu était autrefois l’emblème de la propriété. Des cheveux dans les temps modernes ont même été trouvés sous des sceaux : ils tenaient lieu de signatures[3].

Enfin il y a des personnes qui croient qu’il faut observer les temps pour se couper les cheveux et se rogner les ongles. — Autrefois on vénérait le toupet, par lequel les Romains juraient, et qu’on offrait aux dieux. Il paraît qu’ils étaient sensibles à ces présents, puisque, quand Bérénice eut offert sa chevelure, ils en firent une constellation. — Chez les Francs, c’était une politesse de donner un de ses cheveux, et les familles royales avaient seules le privilège de les laisser pousser dans tout leur développement.

En Hollande, beaucoup de gens croient qu’en vendant leurs cheveux à un perruquier, ils auront par sympathie les maux de tête de ceux qui les porteront. Une dame âgée, il y a peu de temps, se faisait couper à la Haye de beaux cheveux blancs d’argent, très abondants et très longs. Le tondeur lui en offrit 20 florins (42 francs). Elle aima mieux les brûler. — J’aurais, dit-elle, toutes les douleurs que mes cheveux couvriraient.

1.

Secrets d’Albert le Grand, p. 27.

2.

Boguet, Discours des sorciers, ch. xv, p, 156.

3.

M. Cambry, Voyage dans le Finistère, t.1, p. 174 et 195.