Catarrhe

  • Médecine
  • A. Le Pileur
  • Encyclopédie moderne

Catarrhe. De αατάρρονς, que Celse a traduit par distillatio, et Cœlius Aurelianus par influxio. Pour les médecins de l’antiquité, le catarrhe consistait dans un écoulement d’humeurs, qui, de la tête, descendaient vers le nez, la bouche, les poumons, le ventre, la moelle épinière ; le coryza, mal connu dans sa nature, fut sans doute la base de cette théorie. Plus tard on ne donna plus le nom de catarrhe qu’aux inflammations du nez, de la gorge et des bronches ; mais on croyait toujours que l’humeur peccante, comme on l’appelait, descendait de la tête.

On nomma fièvre catarrhale l’ensemble des symptômes que présentait le catarrhe siégeant sur les muqueuses nasales et bronchiques avec complication de fièvre ; lorsqu’on observait des symptômes d’inflammation de toutes les muqueuses ou que, dans une fièvre grave, les bronches et la pituitaire étaient prises, on appelait cette fièvre muqueuse, pituiteuse. Il n’était même pas nécessaire que des symptômes de catarrhe se montrassent pour que les médecins prétendissent reconnaître sa présence. Le catarrhe fut longtemps en médecine une entité, une abstraction mal définie et fort utile à des médecins, qui le mettaient en avant quand leur science était à bout. L’ignorance de l’anatomie pathologique et l’habitude de remplacer par la scolastique les connaissances positives et les éléments mêmes de leur science, rendaient précieux aux anciens médecins ces grands mots qui suffisent au vulgaire ; et d’ailleurs chaque époque, chaque ère médicale a eu son entité, son terme favori sous lequel se résumait sa doctrine. Depuis un demi-siècle, les études plus sérieuses, le besoin de remplacer les mots par des faits, ont donné au langage quelque chose de plus précis, du moins en apparence ; mais, au fond, les phénomènes observés, reconnus, sont toujours inexpliqués. Sous le règne de l’école physiologique ou, si l’on veut, de la constitution inflammatoire, le catarrhe ne fut plus qu’une inflammation des muqueuses et devint une bronchite, une entérite, etc. On était en droit de changer le nom, car la nature du mal n’était plus la même, et la forme catarrhale se présentait moins souvent alors.