Cabochiens

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Cabochiens. La faction des cabochiens ou bouchers se forma sous le règne désastreux de Charles VI. Depuis que ce prince avait perdu la raison, le duc de Bourgogne et le duc d’Orléans se disputaient le pouvoir. Ce dernier, appuyé sur le parti des Armagnacs, avait pris en main les intérêts de la noblesse. Le duc de Bourgogne, au contraire, avait affecté de rechercher la popularité. Le peuple de Paris lui était dévoué. Il avait surtout un grand crédit sur les bouchers, qui formaient alors une corporation puissante. De nombreux valets, toujours armés de couteaux, robustes, vaillants, habitués à verser le sang, étaient à leurs ordres. Leurs chefs étaient Legoix , Denis de Chaumont, les Saint-Yon, les Thibert, et Simunet Caboche, qui a donné son nom à la faction. Ils furent tout puissants à Paris, après l’assassinat du duc d’Orléans, en 1407. La demeure royale elle-même ne fut pas à l’abri de leurs insultes : le fameux Jean de Troyes, qui était l’orateur du parti, envahit un jour, à la tête d’une populace furieuse, le palais habité par le dauphin, et arrêta ses favoris. L’alliance de la Sorbonne avec les bouchers augmenta encore leur insolence. Ils essayèrent en même temps de se rattacher à la haute bourgeoisie, qui avait régné un instant pendant la captivité du roi Jean, mais qui avait été décimée au commencement du règne de Charles VI. A l’exemple des compagnons d’Etienne Marcel, ils adoptèrent le chaperon blanc, symbole de la liberté chez les Gantais, et que les ducs de Bourgogne, de Guyenne et de Berry consentirent aussi à porter. Mais les bouchers n’étaient pas les dignes successeurs de ces premiers martyrs de la liberté française. Ils se déshonorèrent par leurs cruautés. L’ancien prévôt de Paris, Pierre des Essarts, la Rivière, du Mesnil, et d’autres magistrats encore dont ils redoutaient le talent et le courage, périrent par leurs ordres. Ils se rendirent plus odieux encore par l’emprunt forcé qu’ils levèrent sur les bourgeois de Paris, car on reconnut bientôt à leur luxe extravagant que leurs intentions n’avaient pas été exclusivement patriotiques. Le duc de Bourgogne lui-même se dégoûta de ses alliés, qui avaient cessé de le respecter. Enfin, la bourgeoisie, poussée à bout, prit les armes et força le dauphin de sortir de sa honteuse apathie pour secouer le joug des bouchers. Ceux-ci, retranchés sur la place de l’hôtel de ville, n’osèrent pas résistera la bourgeoisie, et la domination des cabochiens parut anéantie (1413). Mais ils reparurent après la conspiration de Périnet Leclerc, en 1418, et trempèrent dans les massacres qui ensanglantèrent la capitale. Jean sans Peur fut réduit à donner une poignée de main au bourreau Capeluche, qui se signalait à la tête des massacreurs. Il ne fallut rien moins que la domination des Anglais pour mettre fin à ces épouvantables désordres. Quant à l’histoire de Simonet Caboche, elle ne peut pas être séparée de celle de son parti. On ignore comment il a fini.