Antéfixe

  • Architecture
  • Encyclopédie moderne

Antéfixe. L’architecture moderne est devenue de nos jours généreuse et prodigue, du côté de l’ornementation : elle n’épargne ni soins, ni frais d’art et d’imagination pour embellir et décorer l’édifice, du bas en haut, depuis l’endroit où il sort de terre, jusqu’à l’endroit où la corniche supérieure dessine le commencement de la toiture. Mais là les soins, l’art et l’imagination se reposent, admirant leur tâche et la jugeant terminée. Aussi, nos constructions semblent-elles inachevées, et la négligence du toit fait-elle tort à la décoration du reste. Tantôt une balustrade monstrueuse cache la couverture, et cherche, par un ridicule artifice, à faire deviner une terrasse qui n’existe certainement pas, qui ne peut pas exister sous notre ciel et dans notre climat ; tantôt le toit est hérissé de ces grossières cheminées et de ces hideux tuyaux de poêle, qui donnent à nos édifices grecs et romains une physionomie si singulière. Nos architectes ne pourraient-ils s’ingénier à corriger cette fâcheuse routine, à mettre en évidence, en les embellissant, les nécessités de la construction ; à donner enfin à notre pays des édifices faits exprès pour lui, en harmonie à la fois avec les habitudes de son ciel et les besoins de ses habitants, et à faire des obstacles même qui naissent de celte harmonie, autant d’occasions de déployer leur habileté et leur imagination ? Ils ont pour arriver là des précédents à étudier, des exemples à suivre ; et sans parler des édifices du moyen âge, avec leurs gouttières saillantes et leurs cheneaux dentelés, les couvertures des édifices grecs et romains montrent les preuves d’un grand soin à cacher les exigences de la construction, sous une ornementation riche et variée.

Ces couvertures étaient composées de rangées alternatives de tuiles plates et de tuiles bombées, placées à recouvrement et dirigées suivant la pente du toit. Afin de s’opposer à l’introduction des eaux pluviales, celles de ces dernières tuiles qui aboutissaient sur le bord ou sur le faîte du toit étaient fermées à leur extrémité. A cause de leur position, on les appelait des antéfixes.

Les antéfixes, faites primitivement en terre cuite, plus tard en marbre et en bronze, affectaient des formes variées, et étaient décorées sur leurs faces antérieures d’ornements peints ou sculptés. Ainsi disposées au-dessus de la corniche et au faîte de l’édifice, elles y formaient une garniture riche et gracieuse, qui ne laissait à cette partie de la construction rien à envier aux autres, et réunissait admirablement les conditions d’utilité et d’élégance.