Annélides

  • Histoire naturelle
  • E. Desmarest
  • Encyclopédie moderne

Annélides. Les animaux qui composent cette classe étaient confondus par Linné avec les mollusques et les vers ; Bruguière les sépara bien des mollusques, mais les laissa réunis aux vers. Ce n’est qu’en 1798 que G. Cuvier établit, avec les animaux qui nous occupent, une classe qu’il nomma vers à sang rouge, pour les distinguer des vers intestinaux. De Lamarck adopta ce que G. Cuvier avait fait, mais changea le premier nom en celui d’annélides, qui a été généralement conservé.

Les annélides sont les seuls de tous les animaux sans vertèbres qui aient le sang rouge, il circule dans un double système de vaisseaux compliqués. Le système nerveux, semblable à celui des insectes, est formé d’un double cordon noueux ; leur corps est mou, plus ou moins allongé, divisé en un nombre quelquefois assez considérable de segments, et souvent pourvu d’une tête ayant des yeux, des tentacules et une bouche armée de mâchoires ; les côtés sont pourvus de soies roides, rétractiles, de couleurs métalliques, qui sont tantôt simples tantôt en faisceaux, et remplissent les fonctions de pieds ; souvent aussi tous ces organes sont presque invisibles ou n’existent pas.

Un grand nombre d’espèces de cette classe vivent libres dans la mer, dans les eaux douces, dans la vase et le sable humide ; d’autres, au contraire, habitent des tubes calcaires formés par la transsudation de l’animal ; enfin, il en est qui agglutinent autour de leur corps du sable et des débris de coquilles, et se forment ainsi des tubes qu’elles habitent et dont elles ne peuvent plus sortir. Presque tous les annélides sont carnassiers ; ils sont armés de mâchoires cornées, et se nourrissent souvent de petits poissons, de mollusques, de débris d’animaux. Toutes les espèces sont hermaphrodites, mais ont cependant besoin d’un accouplement réciproque. Presque toutes les espèces marines sont très phosphorescentes ; et il semble que c’est à ces animaux qu’est due la phosphorescence quelquefois si évidente de la mer.

Beaucoup d’annélides sont utiles à l’espèce humaine. Les sangsues sont d’un grand secours en médecine, et forment une branche de commerce très étendue. Les vers de terre ou lombrics ne nuisent pas aux plantes, et facilitent leur développement en divisant la terre comme ils le font ; les néréides ; les arénicoles, les siponcles et même les lombrics sont employés avec beaucoup d’avantage pour servir d’appâts dans la pêche à l’hameçon ou à la trouble, et servent pendant l’hiver à celle du merlan et de la sole.

G. Cuvier place les annélides à la tête des animaux articulés, c’est-à-dire avant les crustacés, les arachnides et les insectes, et il les divise en trois ordres, les tubicoles, dorsibranches et abranches. De Lamarck et de Savigny ont publié de grands travaux sur ces animaux. M. de Blainville ne sépare pas les annélides des vers intestinaux, ainsi que nous le dirons à l’article Vers. Enfin MM. Milne Edwards et Audouin ont fait connaître une nouvelle classification de ces animaux, basée sur leurs caractères anatomiques.