Amadou

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Amadou. L’amadou provient d’un champignon qui croît sur le tronc des vieux chênes, des ormes, des charmes, des bouleaux, et qu’on nomme agaric amadouvier (boletus igniarius). Cet agaric est recouvert supérieurement d’une écorce calleuse et blanchâtre, sous laquelle on trouve une substance fongueuse assez molle, douce au toucher et comme veloutée ; toute la partie inférieure est ligneuse. On trouve rarement l’agaric aux environs de Paris ; mais il est commun dans les grandes forêts, où on laisse aux arbres le temps de vieillir. On le cueille dans les mois d’août et de septembre.

La préparation de l’agaric consiste à emporter d’abord l’écorce supérieure ; on enlève ensuite la substance fongueuse, d’un jaune brun, qui est au-dessous. Cette dernière partie est la seule qui soit utile : on a soin de la séparer exactement de la partie ligneuse qui est au-dessous et quelquefois sur les côtés. On coupe cette substance fongueuse en tranches minces que l’on bat au marteau pour l’assouplir : on continue de les battre jusqu’à ce qu’on puisse les mettre aisément en pièces en les tirant entre les doigts. Dans cet état, l’agaric est bon à être employé pour arrêter les hémorrhagies et pour d’autres usages médicinaux.

Pour en faire de l’amadou, on lui donne un dernier apprêt, qui consiste à le faire bouillir dans une forte lessive de nitrate de potasse. On le fait sécher, on le bat de nouveau, et on le remet une seconde fois dans la lessive. Quelquefois même, pour le rendre plus facile à allumer aux étincelles du briquet, on le roule dans la poudre à canon, ce qui fait la différence de l’amadou noir avec l’amadou roussâtre. Mais pour lui donner au plus haut degré la propriété de s’allumer rapidement, il vaut mieux le faire bouillir dans une dissolution de chlorate de potasse, au lieu de lessive nitrée.

On se procure encore une autre espèce d’amadou, en brûlant du papier à sucre ou des morceaux de linge, jusqu’au point où la flamme s’éteint, et en les étouffant à l’instant.

Les vesses-de-loup, sorte de plantes du genre lycoperdon, et qui ont pour base une substance charnue ou filandreuse, donnent un amadou tout préparé, qu’il suffit d’imbiber d’une légère eau de poudre. Pour le même usage, on se sert dans les Indes d’une plante légumineuse nommée sola, dont la lige épaisse et spongieuse, réduite en charbon, prend feu comme notre amadou.