Algues

  • Histoire naturelle
  • Bory de Saint-Vincent
  • Encyclopédie moderne

Algues. Ce mot, chez les anciens, désignait les plantes aquatiques sans apparence, soit qu’elles végétassent au fond des eaux douces, soit qu’on les trouvât sur les rochers, dans les profondeurs de la mer, ou jetées sur le rivage. Vilior alga est l’expression qui les désigne dans Virgile, et algœ steriles dans Ovide. Le mot algue a été assez exactement traduit sur nos côtes de France par celui de goémon. Quelques botanistes l’avaient restreint aux zostères, qui croissent indifféremment dans l’Océan ou dans la Méditerranée, plantes dont les feuilles sont extrêmement longues et qui servent dans la verrerie pour emballer les glaces, les carreaux de vitres et les bouteilles. Les algues du vulgaire sont en outre employées dans les pays maritimes comme engrais ; sur les côtes du Poitou, et de la Bretagne particulièrement, on ramasse avec soin celles que les flots jettent sur l’estran ; on les y réunit en tas, et, soit après les avoir laissées quelque temps dans cet état, soit après les avoir réduites en cendres, on en couvre les champs.

Depuis Linné le nom d’algues avait pris une tout autre signification pour les botanistes : ceux-ci ont enfin retiré de la famille à laquelle ce nom avait été plus particulièrement imposé, une foule d’êtres qui ont été reconnus appartenir au règne animai, en y comprenant plusieurs végétaux d’une nature très différente. Ainsi, pour Linné et pour ses disciples, les varecs (fucus), les ulvacées, les conferves, les lichens, les hépatiques, étaient des algues. Aujourd’hui le nom d’algues n’est presque plus employé ; les plantes qu’on regarde comme telles n’ayant effectivement entre elles que peu de rapport. Le mot hydrophyte a prévalu pour les espèces aquatiques, et nous y renvoyons le lecteur.