Acrodynie

  • Médecine
  • A. Duponchel
  • Encyclopédie moderne

Acrodynie. En 1828 et 1829, les médecins observèrent à Paris une maladie épidémique dont le symptôme le plus saillant était un fourmillement douloureux, ayant son siège constamment aux pieds, et plus rarement aux mains. Un jeune médecin, M. Dance, que le choléra a enlevé prématurément à la science, a donné de cette maladie une excellente monographie, à laquelle nous emprunterons la substance de cet article.

La maladie débutait par des engourdissements, des fourmillements, quelquefois même des élancements aux mains et aux pieds, mais plus souvent dans ces dernières parties. Ces douleurs, dont intensité variable était cependant plus forte la nuit que le jour, dépassaient rarement les poignets et les malléoles, bien que, dans quelques cas, elles s’étendissent le long des membres jusqu’au tronc, et même au cuir chevelu. Elles étaient, le plus souvent accompagnées de perversion ou de diminution de la sensibilité des parties affectées. C’était au début un sentiment de froid, qui plus tard était suivi d’une sensation de chaleur brûlante ; souvent les parties malades devenaient tellement sensibles que la moindre pression, le contact même était douloureux. Les corps les plus polis semblaient parsemés d’aspérités ; d’autres fois, le tact était en quelque sorte aboli. Enfin, tous ces symptômes pouvaient aller jusqu’à l’engourdissement, la contracture, la paralysie des membres, dans l’épaisseur desquels se faisaient néanmoins sentir, par intervalles, de violentes douleurs accompagnées de crampes, de tressaillements, de soubresauts des tendons.

Parfois il se manifestait, aux extrémités, une rougeur érythémateuse, quelquefois même des éruptions de divers caractères, mais le plus souvent sous forme de petits boutons rouges et coniques. Dans quelques cas il y avait desquamation, à la suite de sueurs locales ; le corps muqueux se trouvait alors à nu, et les parties acquéraient une sensibilité douloureuse. La fièvre, du reste, était le plus ordinairement nulle ou fort modérée, et l’insomnie n’était causée que par la vivacité des douleurs.

Il était rare que les fonctions digestives ne fussent point altérées dans le cours de la maladie ; cependant ce trouble était tellement variable, que chez certains malades il n’y avait que perte d’appétit jointe à un sentiment de pesanteur à l’estomac, tandis que chez d’autres on observait des vomissements, des coliques, et le plus souvent du dévoiement alternant avec la constipation. Dans les cas les plus graves, des évacuations sanguinolentes avaient lieu par haut et par bas.

Dans la plupart des cas, la terminaison fut heureuse, malgré les rechutes ; la mort n’eut lieu, en général, que chez des sujets âgés et affaiblis, ou atteints de maladies intercurrentes.

Les causes de cette singulière épidémie sont restées inconnues les influences de régime, de condition, de localité, n’ont rien offert de constant ; aucun âge, aucun sexe n’a été épargné ; les hommes, toutefois, y ont été sujets plus que les femmes ; l’âge viril et la vieillesse, plus que l’enfance et la jeunesse.

Comme dans toutes les épidémies, les traitements les plus contraires ont été suivis de succès égaux ; en sorte que les résultats obtenus pour la thérapeutique de cette affection sont plutôt négatifs que positifs : c’est, du reste, le propre des constitutions épidémiques de déjouer tous les efforts de l’art.