Ulcère

  • Médecine
  • A. Lepileur
  • Encyclopédie moderne

Ulcère. Les Grecs désignaient par le mot ελχος toute espèce de plaies, quelles que fussent sa nature et son origine. C’est ainsi qu’Hippocrate a intitulé son livre des plaies : Περι ελχων. Les Latins firent de ce mot celui d’ulcus, et lui donnèrent la même signification, tandis qu’ils employaient le mot plaga pour exprimer le coup, la blessure, c’est-à-dire la cause, l’acte plutôt que son effet, la plaie.

Nous avons dit au mot plaie qu’il s’applique de nos jours à toute solution de continuité qui intéresse la surface des téguments, quelle que soit du reste son étendue.

On a donné le nom d’ulcères à certaines plaies déterminées par une cause locale ou générale, et restant stationnaires, s’étendant, guérissant ou se reproduisant sous l’influence de cette cause l’ulcération s’entend ou du travail morbide qui produit l’ulcère, ou de l’ulcère lui-même quand ses dimensions sont peu considérables.

Certaines plaies résultant de causes extérieures, de blessures par exemple, peuvent devenir ulcéreuses sous l’influence d’une infection locale ou d’une altération générale de l’économie ; ainsi l’inoculation du pus d’un chancre vénérien peut transformer une plaie simple en ulcère syphilitique ; le scorbut, le vice scrofuleux, certains modes vicieux de pansement, l’emploi inopportun et prolongé de substances irritantes, caustiques, etc., peuvent changer des plaies simples en ulcères.

Les auteurs ont décrit de nombreuses variétés d’ulcères, prenant pour base de leur nomenclature tantôt la cause de l’ulcère, tantôt ses caractères de forme, de développement, etc. Cette absence de méthode a nécessairement rendu plus difficile un sujet déjà obscur au point de vue du diagnostic. Nous nous contenterons de citer, parmi les ulcères qui procèdent d’une cause locale : 1° l’ulcère calleux ou atonique, caractérisé par l’engorgement et la dureté de son fond et de ses bords ; il siège ordinairement aux jambes ou aux pieds.

2° L’ulcère variqueux, dont l’étiologie n’est pas constante. Le plus ordinairement il est déterminé par une déchirure accidentelle ou spontanée de la peau correspondante à un groupe de varices : dans ce cas il est primitif ; quelquefois il est secondaire, et succède à un ulcère calleux, dont les bords et le fond ont été envahis plus ou moins complètement par des varices. Ces deux formes d’ulcères sont les plus communes parmi celles qui reconnaissent une cause locale. Toutes deux sont très rebelles et très sujettes à récidiver.

De tous les moyens proposés pour arriver à la guérison de ces ulcères, le seul qui soit vraiment utile, c’est le rapprochement des bords de la plaie et la compression du membre au moyen de bandelettes agglutinatives ou d’un bandage roulé. Les bandelettes agglutinatives déterminent souvent une irritation érysipélateuse Sur les parties saines de la peau. Cet accident est presque inévitable quand l’emplâtre agglutinatif ordinaire, le diachylum, est récemment préparé. Le bandage roulé nous semble préférable à tous égards. Il consiste essentiellement dans une bande de flanelle de six centimètres de large sur une longueur variable, suivant le point du membre où siège le mal. On lave la jambe malade avec de l’eau blanche, on couvre la surface de l’ulcère avec un litige très légèrement enduit de cérat, et un mince plumasseau de charpie ou une compresse, puis on applique le bandage compressif de l’extrémité des orteils jusqu’à 15 à 20 centimètres au-dessus de l’ulcère.

La toile peut, à la rigueur, être substituée à la flanelle, mais elle offre de nombreux inconvénients.

En tous cas on se trouve bien d’humecter plusieurs fois par jour l’appareil avec de l’eau blanche. (Eau filtrée, 1 litre ; sous-acétate de plomb liquide, 1 gramme. Agiter le mélange avant de l’employer.)

Les ulcères qui se développent sous l’influence d’une cause générale doivent être considérés comme des symptômes de l’affection dont ils procèdent. Ainsi les ulcères scorbutiques, syphilitiques, scrofuleux, cachectiques, cancéreux, etc , se rattachent pour tous les points de leur étude aux maladies dont ils portent le nom.

Ils diffèrent essentiellement des ulcères à causes locales ; car les moyens thérapeutiques locaux leur sont bien rarement opposés avec succès, et, quelle que soit leur importance apparente, ils ne constituent jamais pour le médecin clairvoyant qu’un symptôme, un indice d’une affection qui domine tout le reste.