Ibis

  • Histoire naturelle
  • Bory de Saint-Vincent
  • Encyclopédie moderne

Ibis. Tautanus. Le désir de trouver la raison du respect que portait aux ibis l’antique et superstitieuse Égypte jeta la plus grande confusion dans l’histoire de ces oiseaux, qu’on voyait représentés parmi les hiéroglyphes, sur tous les monuments, et dont on trouvait des momies soigneusement conservées dans des cryptes particulières. On attribua à la reconnaissance un culte qu’il ne paraissait pas naturel d’attribuer au plus inexplicable caprice. Hérodote et les Grecs imaginèrent que l’on vénérait, dans les ibis, le fléau des serpents, et les modernes reconnurent les prétendues destructrices des malfaisants reptiles dans certains courlieux, hérons et grues, qui sur les bords du Nil se nourrissaient de couleuvres ou de lézards. Une sorte de rapport dans les formes semblait justifier la méprise, lorsqu’en histoire naturelle on jugeait sur l’aspect extérieur. Cependant une armée française pénètre dans les monuments religieux du temps des Pharaons ; les savants qui en font partie rapportent des restes de ces divinités emplumées, respectées par six à huit mille siècles au moins ; ils en rétablissent ie squelette, et reconnaissent, par l’examen qu’ils font des caractères de ce squelette, des espèces d’oiseaux de moyenne taille, assez rares aujourd’hui aux lieux où se retrouvent leurs sépulcres, et qui, au lieu de faire une guerre active aux animaux venimeux, se nourrissent habituellement de petits poissons, de vers, de limaçons, d’insectes et même d’herbe tendre. Ces deux oiseaux sont la falcinelle, prise pour un courlis ou courlieu par Buffon (courlis d’Italie, Pl. enl., 819), et le tautanus œthiopicus des naturalistes. On consultera avec fruit, au sujet de ces deux ibis et de la superstition dont ils furent l’objet, une excellente Notice qui suit immédiatement le discours préliminaire de la seconde édition des Ossements fossiles, par Cuvier.