Fabliau

  • Littérature
  • A. V. Arnault
  • Encyclopédie moderne

Fabliau. Le fabliau, qui se nommait aussi fableas, fableaus, fableax, fabliax, flabel, flables, flavel, flaveau, flavelle, était une histoire faite à plaisir, un conte qu’au temps de la chevalerie le fableor, le fablaour ou le fabulateur, débitait à la table ou dans le salon d’un grand, pour divertir sa société.

La gaieté et la naïveté sont les caractères distinctifs du fabliau, très différent de la fable, en cela surtout qu’il est dispensé d’être moral ; mais cette gaieté et cette naïveté y sont souvent portées jusqu’au cynisme. La chasteté qui régnait peut-être dans les mœurs de nos pères se fait désirer souvent dans le conte qu’ils affectionnaient.

Le fabliau s’écrivait en vers.

Il fut, dit-on, importé en France, comme les moulins à vent et la lèpre, à la suite des croisades. Ne se tromperait-on. pas ici, quant au fabliau ? Plusieurs sujets fabliaux ont été évidemment empruntés par nos fabulateurs aux Orientaux ; mais il y a quelque différence entre leur devoir des sujets de fabliaux ou l’art de fabuler. Le fabliau n’est autre chose que le conte. Or, partout et en tout temps on a fait des contes, on a fait des récits, dans le but, non d’instruire l’auditeur ou de le corriger, mais de le désennuyer. Tels sont dans les anciens temps les fables milésiennes ou sybaritiques, dont la plus brillante, celle de Psyché, nous a été transmise par Apulée ; telles sont dans les temps modernes les Nouvelles, genre de conte mis en vogue par Boccace, qui a emprunté à nos fabliaux ses sujets les plus piquants, mais les a traités en prose.