Abdomen

  • Anatomie
  • A. Le Pileur
  • Encyclopédie moderne

Abdomen. La plus grande des trois cavités splanchniques, ainsi nommée du latin abdere, cacher, parce qu’elle renferme, qu’elle cache les viscères principaux, ou, suivant quelques auteurs, parce que ses parois, que les sacrificateurs ouvraient pour consulter les entrailles de la victime, cachaient le présage, omen.

L’abdomen, vulgairement appelé ventre, a une forme oblongue, son axe est parallèle à celui du tronc, il est borné en haut par le diaphragme qui le sépare de la poitrine, en bas par les parois du bassin, en arrière par les lombes, sur les côtés et en avant par plusieurs plans de muscles larges que réunit sur la ligne médiane un raphé fibreux nommé la ligne blanche.

Les principaux muscles de l’abdomen sont le grand oblique, le petit oblique et le transverse, qui forment ses parois latérales et dont la saillie au-dessus de la crête iliaque est si remarquable dans les statues antiques. La paroi antérieure est renforcée par les muscles droits qui s’étendent du sternum au pubis et sont croisés obliquement à leur partie inférieure par les muscles pyramidaux, rudimentaires chez l’homme. La paroi postérieure de l’abdomen présente la masse des muscles sacro-lombaires, les psoas et les iliaques ; mais les muscles de cette région et une partie de ceux du bassin n’ont aucun rapport de fonctions avec les organes abdominaux. (Voyez : Périnée).

Si l’on suppose, le corps étant dans la station, deux plans verticaux qui divisent la paroi antérieure et la cavité de l’abdomen en trois parties égales et deux plans horizontaux qui les divisent de même transversalement, on aura neuf cavités correspondantes à des régions de l’abdomen. Ce sont au milieu et de haut en bas, l’épigastre, la région ombilicale et l’hypogastre ; sut les côtés les hypocondres, les flancs, et les fosses iliaques internes. En suivant la ligne courbe qui circonscrit en bas la paroi antérieure de l’abdomen, on trouve de chaque côté l’aine ou région inguinale ; en arrière sont les régions lombaires et sacrée, qui correspondent aux vertèbres lombaires et au sacrum.

Cette division imaginaire par plans peut, toute grossière qu’elle est, donner une idée des régions qui ne sont pas rigoureusement limitées dans la nature. À sa partie supérieure, l’abdomen se termine par la double voussure du diaphragme, qui prend ses points d’attache à la base du thorax, et fait saillie dans cette cavité, à peu près comme une portion de sphère dans un cône.

La double concavité du diaphragme forme les hypocondres, (de ύπό et χόνδρος) qui s’enfoncent, comme leur nom l’indique, sous les cartilages des fausses côtes et renferment à gauche une grande partie de l’estomac, à droite le foie.

L’abdomen et la poitrine se trouvent donc comme emboîtés dans une partie de leur étendue, en sorte que si l’on fait sur le cadavre une série de coupes transversales depuis le haut de l’appendice xyphoïde jusqu’au dernier espace intercostal, toutes ces coupes passent à la fois par la poitrine et par l’abdomen. Outre l’estomac et le foie, l’abdomen renferme encore le pancréas, la rate, le canal intestinal, les reins, les uretères et la vessie, les vésicules séminales chez l’homme, l’utérus et ses annexes chez la femme.

La cavité abdominale est tapissée par une membrane séreuse (Voyez : Péritoine) qui revêt, totalement ou en partie, les organes abdominaux. Dans sa région postérieure, cette cavité est parcourue à droite par la veine cave, à gauche par l’aorte, qui, après avoir fourni des vaisseaux nombreux aux différents organes, vient se diviser à l’angle sacro-vertébral, et former les artères iliaques primitives et la sacrée moyenne.

Le nerf grand sympathique répand ses ramifications nombreuses dans l’abdomen, dont les parois reçoivent presque tous leurs nerfs des six dernières paires dorsales. Les vaisseaux les plus importants de ces parois sont l’artère mammaire interne, qui descend derrière le muscle droit, et l’épigastrique, qui monte obliquement de l’iliaque externe, passe dans le voisinage de l’anneau inguinal avec lequel elle présente des rapports importants (Voyez : Aine, Hernie), puis vient se cacher derrière le muscle droit, où elle s’anastomose avec la mammaire (Voyez : Plaie). Chez le fœtus, dont les organes abdominaux se développent les premiers et fonctionnent presque seuls, l’abdomen occupe relativement beaucoup plus de place que chez l’adulte.

Portal a reconnu que la longueur de l’abdomen formait chez le nouveau-né 1/3 de la longueur totale et chez l’adulte 1/5 seulement. Cette prédominance, qui va s’effaçant avec l’âge, et à mesure que les autres organes prennent de l’accroissement, est encore très marquée pendant l’enfance, à l’état normal et en dehors des causes pathologiques qui peuvent l’exagérer. Ce sont les flancs et la région ombilicale qui prédominent surtout dans le tronc du fœtus, dont la poitrine et par conséquent les hypocondres sont, ainsi que le bassin, moins développés proportionnellement que chez l’adulte. (Voyez : Anatomie).

Dictionnaire de la médecine, 2e édition, 1882, article Abdomen.

Bourgery et Jacob, Anatomie descriptive.